Le couple, mode d’emploi – Partie 1

Je m’appelle Anthony P. Je suis Conseiller Conjugal et Familial, marié et père de 2 enfants. Pour en savoir plus sur mon travail, voici mon site : www.silsuffisaitdaimer.com

J’ai découvert le livre “Le couple – Mode d’emploi” au cours de ma formation. Je l’ai trouvé excellent et l’ai même choisi comme sujet de fiche de lecture. Il m’a donc semblé naturel d’en proposer la chronique à Michaël : ce qu’il a très gentiment accepté. 🙂

Le couple, mode d’emploi : Introduction

Le livre “Le couple, mode d’emploi” est apparu aux Etats-Unis sous le titre “Getting The Love You Want – A Guide for Couples”,  il est publié en France par les éditions Imago.

Son auteur, Harville Hendrix, est thérapeute conjugal depuis bientôt 40 ans et est titulaire d’un Doctorat de psychologie de l’Université de Chicago.

Il est marié et a 6 enfants.

Ses ouvrages ont été traduits dans plus de 30 langues.

Le couple, mode d’emploi : Partie 1 – Le mariage inconscient

Les 5 premiers chapitres du livre “Le couple, mode d’emploi” nous expliquent les mécanismes classiques du couple.

1. Le mystère de l’attirance

Le cerveau se divise en 3 parties :

  1. le tronc cérébral ou cerveau reptilien (reproduction, conservation, fonctions vitales)
  2. le système limbique ou vieux cerveau (émotions, réflexes)
  3. le cortex cérébral ou nouveau cerveau (réflexions, tri d’informations, prises de décisions)

Le « vieux cerveau », qui correspond en fait à l’inconscient au sens Freudien du terme, a 2 caractéristiques vraiment très particulières :

  1. il n’a aucune notion du temps (dans son éternel présent, tout ce qui a été perdure),
  2. il n’identifie pas les personnes (mais juste comment réagir, en fonction des interactions déjà vécues avec elles).

Son but est de recréer l’environnement de l’enfance, car nos parents ont laissé en lui de profondes empreintes.

Une personne qui a les mêmes traits de caractère qu’eux va donc nous attirer fortement.

Le connu (même douloureux !) reste en effet pour lui un gage de sécurité.

2. Les blessures d’enfance

Voilà pourquoi l’inconscient cherche à rejouer nos blessures primaires… jusqu’à les guérir.

Celles-ci proviennent principalement de la perte de complétude (ce sentiment d’unité du nourrisson avec sa mère).

En grandissant, nous devenons peu à peu morcelés entre :

  • un moi perdu (nos capacités innées, toujours présentes mais refoulées par la socialisation et l’éducation)

Ex: danser, exprimer librement ses émotions, être créatif

  • un faux moi (carapace créée pour diminuer la souffrance due à la perte de complétude)

Ex: froid, possessif, égoïste

  • un moi renié (les aspects négatifs du faux moi, que les autres nous renvoient mais que l’on refuse d’admettre… car originellement, c’est vrai : nous ne sommes « pas comme ça »).

Les moyens les plus simples de combler ce manque dû à la perte de complétude ?

  • La nourriture,
  • les drogues,
  • les activités ou…
  • le compagnon idéal (« c’est lui/elle qui comblera mes blessures passées !« )

3. Notre imago

Le vieux cerveau a TOUT enregistré sur les personnes qui nous ont élevés (son de la voix, façon de sourire, de se tenir…) mais sans traiter ni organiser ces données.

Il en ressort une image composite, une sorte de « puzzle« .

couple mode demploi imago

Le portrait robot du compagnon idéal :

  • il va compenser notre moi perdu : s’unir avec cette personne opposée / complémentaire revient à posséder nous-mêmes ses qualités (d’où le sentiment d’être « redevenu entier »)
  • il va ressembler à nos parents surtout dans les traits négatifs : le but du vieux cerveau n’est-il pas de recréer les conditions de la petite enfance pour mieux les corriger ?

Bien sûr, l’attirance mutuelle ne fonctionne que si nous correspondons aussi à l’imago de l’autre.

4. L’amour romantique

Une fois rencontrée « la bonne personne », nous passons ensuite par des illusions successives.

  • celle de s’être toujours connus (la reconnaissance) puisqu’il/elle nous rappelle nos parents, premiers objets d’amour,
  • celle d’avoir toujours été ensemble (l’intemporalité) puisque pour le vieux cerveau, l’intimité amoureuse équivaut à celle du bébé dans les bras de sa mère… d’où le comportement et le langage parfois régressif des couples, 😉
  • celle d’être complet avec l’autre (la réunification) puisqu’on a retrouvé en lui/elle notre moi perdu,
  • celle de ne pouvoir vivre sans l’autre (la nécessité) puisque le perdre signifierait à nouveau être incomplet.

Les amoureux croient qu’ils seront guéris, non par un travail difficile ou une découverte de soi douloureuse, mais simplement en fusionnant avec quelqu’un que le vieux cerveau a confondu avec les parents.

Les moyens d’entretenir l’illusion plus longtemps ?

  • le déni : on refuse de voir les défauts pourtant évidents du partenaire
  • le transfert + la projection: on lui attribue les aspects positifs de notre imago (qualités de nos parents + de notre moi perdu)

5. La lutte pour le pouvoir

Une fois la relation « installée », chacun a plus envie de recevoir que de donner (l’enfant blessé en nous prend le contrôle).

D’où des attentes implicites : l’autre est censé deviner ce qu’on attend sans qu’on le verbalise.

Ce qui engendre forcément des déceptions et l’impression que l’autre nous prive volontairement de ce qu’on attend (puisqu’il est censé le savoir…)

Les mêmes moyens de tout voir en rose vont alors nous faire tout voir en noir.

  • le transfert + la projection : on attribue cette fois à l’autre les aspects négatifs de notre imago (défauts de nos parents + de notre moi renié)
  • au lieu de les guérir, l’autre va malgré lui/elle rouvrir nos blessures affectives d’enfance

Les 5 phases du deuil de l’illusion romantique :

  1. le choc : prise de conscience que l’autre est différent de l’image qu’on en avait
  2. le déni : on se raccroche à l’illusion, on positive encore ses défauts
  3. la colère : on se sent trahi (alors que l’illusion venait de notre inconscient)
  4. la négociation : « Si tu fais ceci, je ferai cela ! »
  5. le désespoir : la souffrance dure depuis trop longtemps, on baisse les bras (séparation, relation extra-conjugale…)

Conclusion de la partie 1

Je précise ici une chose (parce qu’on me pose souvent cette question en entretien conjugal) :

  • Bien sûr, vous ne « saviez pas tout ça de l’autre » quand vous vous êtes rencontrés (son passé, ses blessures, ses traits de caractère ou ceux de ses parents…) : nul besoin de parler pour que nos inconscients « échangent » toutes ces informations à notre insu !
  • Oui, vous avez bien des antennes invisibles, comme tout le monde ! 😉
  • Mais non, vous n’êtes pas condamnés à être les pantins de votre inconscient, ni subir les crises évoquées plus haut !

Rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir, dans la Partie 2 du Le Couple – Mode d’Emploi, les outils pour affronter et dépasser ces crises.

D’ici-là, laissez-moi un petit commentaire pour me dire (maintenant, à chaud) quel point particulier dans cette 1ere partie vous a le plus intéressé, surpris, ému ou même choqué.

En un mot, qu’est-ce qui a le plus « fait tilt » en vous ?

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12 Commentaires

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    • Véronique Van Acker sur 12 juin 2014 à 6 h 40 min
    • Répondre

    Bravo, article enrichissant et instructif 🙂

    1. Merci, Véronique !
      Quel point retiendriez-vous en priorité ?

  1. j'aime sa aussi

  2. En effet, cela a un sens. Je le ferai lire a mon mari ce soir. Merci pour ce partage.

    1. Excellent ! 😉
      Qu’en a pensé votre mari, Maud ?

  3. J'aime bien cet article, en plus du fait que je suis psychiatre. Et j'ai aussi vecu le deces premature de ma femme. Maintenant j'essaye de refaire ma vie… J'ai pourtant l'impression et le "feeling" que si tu ecoute ton Moi autentique ce serait mieux que de concilier l'Ego et Sous-Conscient… Enfin, je parle du Moi du niveau haut, sans prejugees, sans complexes, etc. Sinon on tombe sur un melange de questions en ce qui concerne l'autre…

    1. Tout à fait d’accord, Mihai.
      Le problème, c’est que le « moi authentique » que vous décrivez, c’est ce que Harville Hendrix appelle « moi perdu »…
      Voilà pourquoi il est difficile de l’écouter !
      Beaucoup d’entre nous ignorent même (ou plutôt ont oublié) jusqu’à son existence.

    • assabbane meriem sur 17 juin 2014 à 11 h 14 min
    • Répondre

    article très intéressent, il a confirmé des remarques que j’avais sur ma propre vie et celles de proches. merci pour ce partage enrichissant

    1. Avec grand plaisir, Assabbane !
      L’intérêt d’un livre comme celui-ci est en effet qu’il met en mots des intuitions, des sentiments, etc. que nous avons tous eus à un moment ou un autre, mais dont on n’était pas sûr ou qu’on ne comprenait pas.
      Il met aussi en lumière des liens qu’on n’imaginait peut-être pas entre certains aspects de notre vie relationnelle.

    • keo angie sur 19 juin 2014 à 15 h 06 min
    • Répondre

    Bonjour,
    C’est très instructif ce que vous décrivez.
    Cependant pourquoi la reférence est la personne-enfant dans l’interaction avec ses parents et non la personne quelque soit son âge en prenant en compte toutes ses expériences d’enfant et d’adulte. Par exemple: pour choisir un partenaire on se réfère à ses besoins actuels d’adulte et non quand d’enfant; ou alors peut-on penser qu’une personne qui a eu des parents aimants envers elle et donc ayant peu de blessures primaires à moins que ces blessures existent mais soient inconscientes aura tendance à rechercher un partenaire moins aimant … pour compenser le trop plein d’amour reçu des parents …cela semble pourtant invraisemblable!

    1. Bonjour Keo,

      Plusieurs questions pour le prix d’une ! 🙂
      Je vais donc répondre point par point…

      1) Le mode de relation affective avec nos parents laisse toujours des traces dans notre vie amoureuse, car ils sont nos premiers « objets d’amour ». Ils laissent donc les premières traces, les plus profondes. Cela n’empêche pas que nos expériences personnelles, ensuite, laissent aussi leurs traces bien entendu.

      2) Quand on croit « choisir » un partenaire consciemment, avec nos critères d’adulte expérimenté, on ne se rend pas compte de l’influence beaucoup plus puissante de l’inconscient dans ce « choix »… On n’est jamais attiré vers quelqu’un par hasard, mais parce que cette personne porte en elle des problématiques qui nous sont communes.

      3) Les « blessures primaires » ne sont pas forcément des traumatismes. Le simple fait de devoir se séparer peu à peu de sa maman en est une, pour un nourrisson. Et nous passons tous par là !

      4) Enfin, on ne va pas chercher un partenaire moins aimant pour compenser un « trop plein d’amour », mais peut-être quelqu’un qui a besoin d’autonomie dans la relation si nos parents ont été un peu étouffants.

    • Perpetue remarais sur 8 août 2014 à 6 h 43 min
    • Répondre

    Je suis heureuse de faire connaissance votre groupe j’espere de trouver la solution pour moi et mon conjoint

  1. […] « Le couple, mode d’emploi – Partie 1 […]

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